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21 décembre 2014
Et si Voltaire et Sainte-Beuve avaient eu raison ? Et si Les Provinciales étaient, en fin de compte, le vrai chef-d’œuvre de Pascal ? Après la longue éclipse romantique qui donnait la palme à la fulgurance des Pensées, les Petites Lettres reviennent, depuis une vingtaine d’années, sur le devant de la scène des études pascaliennes. Aussi le numéro 58 des Chroniques de Port-Royal, s’il paraît à l’occasion du tricentenaire des Provinciales, n’a-t-il rien d’un exercice obligé de commémoration ; il présente au contraire les différents chantiers ouverts à la suite des travaux que Jean Mesnard, depuis plusieurs décennies, consacre à cette œuvre. Vingt-huit intervenants, réunis à l’occasion du colloque annuel de la Société des amis de Port-Royal (19-21 septembre 2007), et issus d’horizons et de pays divers, offrent des visages de l’auteur des Provinciales aussi dissemblables que complémentaires : historiens, philosophes, linguistes, littéraires multiplient les angles d’approche et nous donnent à voir un Pascal bien différent de cet « effrayant génie » pourvoyeur d’aphorismes, tel que le rêvaient les Romantiques. Dialogiste hors pair, théologien avisé, philosophe puissant, moraliste exigeant, tel apparaît, d’une lettre à l’autre, « Montalte », derrière lequel on devine l’ombre portée des luttes et des réseaux qui s’entre-déchirent, en France, dans ces années qui suivent les troubles de la Fronde.
Étonnant voyage, que celui auquel nous convie le présent volume. Au fur et à mesure de sa lecture s’insinue le sentiment inattendu que Les Provinciales sont une œuvre méconnue et que, décidément, Pascal n’a pas fini de nous surprendre. Nous étions bien abusés. Je ne suis détrompé que d’hier… Continuer la lecture →