Les Mères du désert à l’âge classique : une renaissance ? Angélique de Saint-Jean et la seconde génération de Port-Royal
Colloque international de la Société des Amis de Port-Royal
17-18 octobre 2024 – Collège de France, site Ulm, 3 rue d’Ulm, Paris 5e
Inscription gratuite: https://forms.gle/btdN7pocJ9XFf2Eh9
organisé par Muriel Arruebo-Debié (EPHE), Laurence Plazenet (UCA et IHRIM) et Anne-Claire Volongo (Société des Amis de Port-Royal)
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Alors que l’année 2024 marque le quatrième centenaire de la naissance de la dernière Arnauld abbesse de Port-Royal, la très brillante Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly, née le 29 novembre 1624, l’étude de sa figure et de celle des femmes de sa génération (Anne-Marie de Sainte-Eustochie de Flesselles de Brégy, Madeleine de Sainte-Christine Briquet, Marie de Sainte-Euphrasie Robert, Anne-Julie de Sainte-Synclétique de Rémicourt, etc.), qui prirent le voile après l’œuvre de réforme de la mère Angélique et témoignèrent d’un intérêt propre pour leurs devancières antiques, s’impose : elle a été singulièrement négligée. Ces moniales constituent-elles un groupe spécifique ? Quels sont leurs itinéraires ? Leur culture ? Leur rapport à l’Écriture ? À l’avènement de l’Église ? Apocalypse, petit reste, martyre : quels sont les ressorts de leur pensée ? Sa traduction concrète dans les travaux et les jours d’existences monachiques ? Quelle espérance nourrissaient-elles ?
Alors que le monastère, de plus en plus menacé, se vit finalement fermé sur ordre du roi, quelques anciennes pensionnaires et novices expulsées entrèrent en résistance et réinventèrent dans le monde une vocation que la décision royale entendait briser. Singuliers destins que celui de ces nouvelles Solitaires qui, après l’exil des Messieurs de Port-Royal, devinrent leurs correspondantes et truchements dévoués : Mme de Fontpertuis pour Antoine Arnauld, Mlle de Joncoux pour Pasquier Quesnel, Mlle Gallier pour M. de Pontchâteau. Ces nouvelles Solitaires ne se contentèrent pas du rôle de servantes zélées. Toujours en lien avec les religieuses, et en premier lieu avec Angélique de Saint-Jean, elles forgèrent Port-Royal, « abbaye de papier », lieu de mémoire, mythe. Rassemblées en une indissoluble communauté d’esprit, les religieuses professes et leurs sœurs de cœur renvoyées dans le monde copièrent, archivèrent, préparèrent les matériaux de la fresque de Port-Royal, que les historiens et amis du monastère réalisèrent au siècle suivant, afin de sauver de l’oubli l’abbaye réduite au silence des ruines.
La question n’invite pas à se pencher seulement sur des personnalités et leurs itinéraires. Elle exige d’ouvrir archives et livres, comme d’emblée elle fait surgir des énigmes. Il peut paraître évident qu’Angélique de Saint-Jean et ses congénères puisèrent leurs modèles dans les Vies des Pères du désert traduites par Robert Arnauld d’Andilly – sinon que l’ouvrage parut après que les références aux Mères du désert se furent multipliées. Le Solitaire montre-t-il la voie ou bien s’engouffre-t-il dans un chemin ouvert par quelques-unes de ces femmes exceptionnelles ? Anne-Marie de Sainte-Eustochie de Flesselles de Brégy avait pour mère une Précieuse réputée, qui avait publié plusieurs ouvrages, figure iconoclaste, aujourd’hui toujours intellectuellement sous-estimée. Le fantôme des Mères du désert suppose-t-il paradoxalement de restituer des échanges trop scrutés entre Port-Royal et le monde ? Que savait-on au XVIIe siècle des Mères du désert ? Par quelles voies ?
Cette esquisse d’un sujet tentaculaire ne fait que suggérer quelques-unes des pistes que le colloque souhaiterait explorer : biographies, patristique, transmission, christianisme primitif, héroïsme, spiritualités féminines…
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PROGRAMME
Entrée libre et gratuite sur inscription (obligatoire). Pour s’inscrire, remplir ce formulaire
Jeudi 17 octobre
matin
9h Accueil
9h15 Laurence PLAZENET (Université Clermont Auvergne), S’illustrer ? Port-Royal et les Mères du désert
10h Emmanuelle BILLOTEAU, Le désert ou la libre disposition de soi-même par amour de Dieu
10h45 pause
11h15 Muriel DEBIÉ (EPHE), Les Mères dans l’Antiquité : des philosophes au désert
12h00 Francesco SARACINO (Istituto superiore di scienze religiose « San Sabino », Bari), Les transformations d’une Madeleine au tombeau du Caravage en France
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après-midi
14h30 Constance CAGNAT-DEBŒUF (Sorbonne Université), « De Bethléem à la cour » : le désert mis à l’usage du monde
15h15 Tony GHEERAERT (Université de Rouen Normandie), « Et de quelques saintes »: Arnauld d’Andilly et les Mères du désert
16h pause
16h30 Philippe LUEZ (Ministère de la Culture), Figures des Mères du désert chez Champaigne, de Pont-sur-Seine au Val-de-Grâce
17h15 Frédéric COUSINIÉ (Université de Rouen Normandie), La nymphe Égérie, une proto-mère du désert ? (titre sous réserve)
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Vendredi 18 octobre
matin
9h Jean-Benoît POULLE (Sorbonne Université), Mères et cousines ? Réseaux de parenté et acculturation robine chez les religieuses de la seconde génération de Port-Royal
9h45 Cléa JOURNAULT (École normale supérieure), Une mère de l’Église au désert: la retraite de Mme de Longueville
10h pause
10h30 Adeline FONTANILLES (Université Clermont Auvergne), « Cousin, cousine » à Port-Royal : Le Maistre de Sacy et Angélique de Saint-Jean
11h15 Simon ICARD (Laboratoire d’étude des monothéismes, CNRS), Au désert, l’apocalypse : vie monastique et défense de la vérité chez Angélique de Saint-Jean
12h Sabria CHEBLI (Université Paul-Valéry Montpellier III), Les fleurs du Désert : la correspondance d’Angélique de Saint-Jean Arnauld d’Andilly
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après-midi
14h30 Daniella KOSTROUN (Indiana University Indianapolis) Un temps de renouvellement : Angélique de Saint Jean et les élections à Port-Royal
15h15 Riccardo CHMIELOWIEC (Université de Montréal) Prédestination et destinataire dans les lettres d’Angélique de Saint-Jean
16h pause
16h30 Anne-Claire VOLONGO (Société des Amis de Port-Royal), « La plus illustre portion du troupeau de Jésus-Christ » : Angélique de Saint-Jean et ses filles
17h15 Pierre LYRAUD (Université de Montréal), Les Discours d’Angélique de Saint-Jean ou la consolation à l’œuvre
18h Conclusions, par Laurent THIROUIN