Sur le Dieu caché en durasie : Marguerite Duras et “Le Ravissement de Lol V. Stein” par Laurence Plazenet, Professeur à l’Université Clermont Auvergne, Société des Amis de Port-Royal.
Marguerite Duras a maintes fois protesté que Dieu n’existait pas. Elle n’a cependant jamais cessé d’évoquer la relation de l’homme à ce vide « irremplaçable », ni de traquer le mystère de son absence. On a parlé à son propos de théologie négative, de mysticisme, de Tao. Une analyse du Ravissement de Lol V. Stein (1964) attentive aux relations que l’œuvre entretient avec La Princesse de Clèves (Duras a confessé qu’elle aurait voulu l’avoir écrit : elle en propose un véritable palimpseste) révèle en fait la prégnance d’une solide vision augustinienne de l’homme. La constatation ne peut guère surprendre chez un auteur familier de Pascal et de Racine, qui a hautement affiché qu’ils lui inspiraient une profonde « convenance ». Elle amène, en revanche, à reconsidérer la question de l’écriture durassienne.