Colloque international organisé par le Cérédi (université de Rouen) et la Société des Amis de Port-Royal
Une quinzaine d’heures de streaming, à retrouver dans les deux vidéos ci-dessous:
- l’intégralité de la journée du 19 novembre:
2. l’intégralité de la journée du 20 novembre (sans le spectacle Bérénice presque la fin, que nous vous invitons à aller voir en salle dès que la situation sanitaire le permettra. Nous tenons à exprimer tous nos remerciements à Sterren Guirriec et Daniel Mesguich, ainsi qu’à Stella Spriet et Gilles Declercq, de nous avoir permis d’assister en direct à ce très beau spectacle)
Institutions :
Centre d’Études et de Recherche Éditer/Interpréter (EA 3229), université de Rouen Normandie
Société des Amis de Port-royal
Comité d’organisation : Caroline Labrune (Collège Évariste Galois, Bourg-la-Reine), Servane L’Hôpital (Lycée Malherbe de Caen), Victoire Malenfer (Université de Rouen-Normandie), Tony Gheeraert (Université de Rouen-Normandie)
Argument
En novembre 2020, Bérénice aura 350 ans. C’est en novembre 1670 en effet que Racine transforma la scandaleuse reine juive dont les historiens anciens nous avaient laissé le portrait, en une amante sublime et résignée, héroïne du renoncement, digne par son sacrifice de rejoindre la galerie des grandes amoureuses de la littérature. La mise en scène du théâtre des Crescite, à la Maison de l’université à l’automne 2018, atteste de ce succès persistant de Bérénice, l’une des pièces les plus aimées et les plus jouées du répertoire racinien. Alain Viala la tient pour l’expression la plus chimiquement pure d’un tragique fondé sur la simplicité et l’intensité passionnelle : selon lui, Bérénice représente pour Racine “sa formule de la tragédie… une formule ‘hyperracinienne’… l’invention de la racinianité”. Mais, au cours de son histoire, la pièce fut bien plutôt considérée comme une exception, voire une erreur dans le parcours du dramaturge: dès l’époque de sa création, et plus encore au temps des Lumières et pendant l’époque romantique, Bérénice fit l’objet de vifs reproches, au motif que sa tonalité élégiaque et galante nuisait à son efficacité dramatique. “Voilà, sans contredit, la plus faible des tragédies… Ce n’est même pas une tragédie”, estimait Voltaire. Il fallut attendre les interprétations de Sarah Bernhardt et de Julia Bartet, à la fin du XIXe siècle, pour que la pièce retrouve régulièrement les honneurs de la scène et le chemin du succès. Au siècle dernier, Bérénice fit l’objet d’interprétations audacieuses et controversées qui reflétaient les préoccupations de leur temps – la politique chez Gaston Baty en 1946, l’incommunicabilité chez Planchon 1965, ou encore, chez Jacques Lassalle en 1990, l’intérêt polémique pour un “autre Racine” que celui légué par la tradition scolaire.
Ce sont ces visages successifs et contradictoires de Bérénice et de son personnage éponyme que nous nous proposons d’interroger les 19 et 20 novembre 2020, en explorant d’une part l’évolution du discours critique et des différentes mises en scène qui ont jalonné l’histoire de cette tragédie, et d’autre part en dégageant les grandes tendances des interprétations actuelles.
Programme
Jeudi 19 novembre
09h30 : Ouverture du colloque
– L’ombre de Port-Royal
Présidence : Laurence Plazenet
09h40 : “Tragédie pure ou poésie pure ?”, par Laurent Thirouin (Université Lumière Lyon II)10h15 : “‘Cet amour est ardent, il le faut confesser.’ La tragédie de l’amour excessif et de l’attachement dans Bérénice”, par Victoire Malenfer (Université de Rouen Normandie)
10h50 : Pause
Présidence : Laurent Thirouin
11h00 : “La fausseté des vertus dans Bérénice”, par Constance Cagnat-Deboeuf (Sorbonne Université)
11h35 : “ ‘De mes pleurs vous ne rirez plus’ : le cas Antiochus”, par Laurence Plazenet (Université Clermont Auvergne)
12h05 : Déjeuner sur Zoom
– … Et le reste est silence
Présidence : Victoire Malenfer
14h00 : “Les isolates dans Bérénice”, par Elisabetta Sibilio (Università di Cassino e del Lazio Meridionale)
14h35 : “Le consentement tragique : entre silence et reconnaissance“, par Jennifer Tamas (Université de Rutgers, USA)
15h10 : Pause
15h20 : “Et si Villars avait raison sur Bérénice ? La traduction sans tragique de Thomas Otway”, par Tristan Alonge (Université de La Réunion / Maison Française d’Oxford)
15h55 : “La loi de Bérénice”, par Tony Gheeraert (Université de Rouen Normandie)
Vendredi 20 novembre
– “Dans un mois, dans un an…”: trois siècles et demi de critique
Présidence : Servane L’Hopital
10h00 : “Racine/Corneille : 350 ans de concurrence. Les Bérénice, du duel officiel au verdict implicite”, par Caroline Labrune (Collège Évariste Galois, Bourg-la-Reine)
10h35 : Pause
Présidence : Caroline Labrune
10h45 : “Mises en scène contemporaines: mission impossible ?”, par Servane L’Hopital (Lycée Malherbe de Caen)
11h20 : “Bérénice romantique : jeu, mise en scène, réception”, par Sylvain Ledda (Université de Rouen Normandie)
12h00 : Déjeuner sur Zoom
– Bérénice après Bérénice : réception et mise en scène
14h00 : Fondation du Centre International Jean Racine, par Gilles Declercq et Tristan Alonge
Présidence : Tony Gheeraert
14h30 : “Les Bérénice de Faustin Linyekula : approche interculturelle et historicité plurielle du répertoire classique”, par Sylvaine Guyot (Université d’Harvard)
15h05 : Titus aimait-il Bérénice ? Table ronde en présence de Nathalie Azoulai, romancière, autrice du roman Titus n’aimait pas Bérénice, P.O.L. (prix Médicis 2015), animée par Caroline Labrune
15h40 : Pause
16h00 : “Racine/Cixous : la tragédie de la douleur en modernité”, par Stella Spriet (University of Saskatchewan) et Gilles Declercq (Université Sorbonne Nouvelle)
16h20 : Projection de Bérénice. Presque la fin, d’après Hélène Cixous et Jean Racine, spectacle créé lors de la dernière édition du festival d’Avignon (2019). Adaptation et mise en scène par Daniel Mesguich et Sterenn Guirriec.
17h30 : Clôture du colloque