La Société des Amis de Port-Royal sera partenaire du colloque international en l’honneur du 350e anniversaire d’Iphigénie, qui se tiendra à Mont-Saint-Aignan les 21 et 22 novembre prochains. Nous accueillerons en particulier à cette occasion le metteur en scène Stéphane Braunschweig.
Des facilités d’accès et de réservation seront offertes aux Sociétaires (les informations suivront par courriel)
Comité scientifique : Gilles Declercq, Laurence Plazenet, Jean Rohou, Philippe Sellier (♱), Jean-Philippe Grosperrin, Laurent Thirouin, Bénédicte Louvat
Comité organisateur : Caroline Labrune, Servane L’Hopital, Victoire Malenfer, Tony Gheeraert
Lieu: Maison de l’Université, salle de Conférences, place Emile Blondel, Mont-Saint-Aignan 76130
Lien Google maps : https://maps.app.goo.gl/pnhnejuHZrgud8yi7
Contact: tony.gheeraert AT univ-rouen.fr
PROGRAMME
Jeudi 21 novembre
08h30 : Café d’accueil
09h00 : Ouverture du colloque
09h10 : Introduction
Sources et inspirations
Présidence : Bénédicte Louvat
09h20 – « Inventer du tragique entre Euripide et Augustin », par Laurence Plazenet (Université Clermont Auvergne)
09h55 – « Faites la guerre pas l’amour : sur la réécriture aristotélicienne du mythe », par Hubert Aupetit (IHRIM)
10h30 – Pause
10h45 – « Pourquoi Pausanias ? L’étrange préface d’Iphigénie », par Carine Barbafieri (Université de Valenciennes)
11h20 – « Racine lecteur d’Homère, Le cas Iphigénie (ou Ériphile) », par Elisabetta Sibilio (Università di Cassino e del Lazio Meridionale)
12h00 – Déjeuner
Racine 1674
Présidence : Laurent Thirouin
14h00 – « Iphigénie et Suréna au prisme de la théorie cornélienne de l’espace scénique », par Marc Douguet (Université Grenoble Alpes)
14h35 – « La place d’Iphigénie dans le paysage théâtral et musical du début des années 1670 », par Bénédicte Louvat (Sorbonne Université)
15h10 – « Tunc… Plaudite. Racine partisan des anciens », par Jérôme Lecompte (Université de Rennes 2)
15h45 – Pause
Tragiques d’Iphigénie
Présidence : Tony Gheeraert
16h00 – « Iphigénie, tragédie du consentement », par Jennifer Tamas (Rutgers University, New Jersey)
16h35 – « Iphigénie, ou la poursuite du vent », par Constance Cagnat-Deboeuf (Université Paris-Sorbonne)
17h10 – « Ériphile au miroir d’Andromaque », par Caroline Labrune (CÉRÉdI)
Vendredi 22 novembre
Rhétorique
Présidence : Yohann Deguin
09h00 – « “Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille” : la problématique attribution de la parole dans Iphigénie », par Claire Fourquet-Gracieux (Université Paris-Est Créteil)
09h35 – « “D’un crédule espoir trop longtemps abusés”. L’espérance entre rhétorique et poétique dans Iphigénie », par Pierre Lyraud (Université de Montréal)
10h10 – « La crise des autorités dans Iphigénie », par Victoire Malenfer (Université de Rouen Normandie)
10h55 – Pause
11h10 – Rencontre avec Stéphane Braunschweig, animée par Servane L’Hopital (voir ici la captation d’Iphigénie : https://vimeo.com/540599448)
12h00 – Déjeuner
Devenirs d’Iphigénie
Présidence : Floriane Daguisé
14h00 – « Le retour des Dieux dans les premières traductions anglaises d’Iphigénie », par Tristan Alonge (Université de La Réunion / Institut universitaire de France)
14h35 – « “Le chef-d’œuvre de la scène”. Sur la prédilection de Voltaire et Diderot pour Iphigénie », par Nicolas Fréry (Université Gustave Eiffel)
15h10 – Pause
15h30 – « Iphigénie à Berlin sous Frédéric II : de l’opéra de Graun (1748) à l’Essai sur l’opéra d’Algarotti (1755) », par Jean-Philippe Grosperrin (Université de Toulouse – Jean-Jaurès)
16h25 – Conclusions et clôture du colloque
Présentation
18 août 1674. Ce jour-là, dans les jardins impeccables de Versailles, sous le regard impassible des dieux de marbre, et pour le plaisir de la plus brillante cour d’Europe, Jean Racine évoque les monstres et suscite l’horreur. Devant les yeux fascinés des spectateurs, le poète magicien fait défiler un roi-ogre jaloux, assoiffé de pouvoir et du sang de sa fille ; un soudard amoureux, chevalier galant et massacreur de civils ; une fille trop sage, trop complaisante surtout aux désirs abominables de son père ; une prisonnière éprise de son geôlier, respirant la fureur ; une reine dénaturée, enfin, rêvant le naufrage de son armée. La Grèce de Racine est primitive, sauvage, dionysiaque. C’est celle des guerres furieuses, des sacrifices humains, des dieux oppressifs aspirant au carnage. Iphigénie suscite depuis trois siècles et demi un vif malaise. Elle est la plus dérangeante peut-être des tragédies raciniennes, parce qu’elle révèle mieux qu’aucune autre l’ambivalence des passions. Chez les Atrides, il n’est aucun noble sentiment qui ne puisse se dévoyer, se renverser, s’abîmer dans le mal. De l’amour conjugal, filial ou paternel, on ne contemple ici que les revers atroces. La victime et son bourreau, le vainqueur et sa captive, l’époux et l’épouse, l’amant et la maîtresse sont unis par des liens vénéneux, aussi effrayants que réversibles. Dans les effluves d’inceste et de cannibalisme répandus partout dans la famille maudite, héros et héroïnes devront parcourir leur chemin, franchissant au passage interdits et tabous, jusqu’au sacrifice sanglant offert aux divinités invisibles, mais insatiables. Les dieux ont soif. Ils exigent la mort à la faveur de leurs oracles obliques et de leur prêtre dévot. Ils ne promettent leurs bienfaits qu’en échange du sang innocent. La souveraineté d’Agamemnon et la victoire des Grecs sont à ce prix. Certes, lorsque l’autel rougit du sang de la victime, la nuit pesante se déchire enfin, la vague gémit, l’écume blanchit, le tonnerre éclate. Des noces funèbres se préparent. Le vent se lève. Mais pour autant, peut-on tenter de vivre encore ?