Résumé
Au centre du Mémorial, Pascal pose la « grandeur de l’âme humaine ». Ce qui fait la grandeur de l’âme, c’est la pensée en tant qu’elle ouvre l’accès à la vérité. Pour penser la pensée, Pascal, le premier, a pris acte de la nouvelle détermination cartésienne de la vérité comme certitude : le jugement exercé par la volonté la libère, rendant la pensée certaine, non seulement capable de Dieu, mais aussi certaine de Dieu. C’est la foi conçue comme volonté qui doit conférer cette certitude en entendant selon un sens cartésien le « Je sais en qui j’ai cru » paulinien. Ainsi, Pascal inscrit « la vraie religion » dans la nouvelle problématique de la position de l’homme, celle-ci fût-elle paradoxalement comprise comme distance, disposition ou disproportion.Tel est le sens de cette affirmation du Mémorial, et telle est la thèse de ce livre. Pascal applique la rigueur cartésienne à la puissance paulinienne. Partant du concept de certitude ou convergeant vers lui, s’avère la permanence de ce fil conducteur et se mesurent les inflexions qui, en cinq ou six ans, ont caractérisé l’évolution des brouillons pascaliens, polarisée autour de La vraie religion. L’ordre des chapitres s’imposait ainsi de lui-même, historiquement documenté ou philosophiquement argumenté : avant le projet d’écrire De la vraie religion, au cours de ce dessein inaccompli d’une apologétique de la douceur, ou enfin après lui, pour décrire la conversion comme conformité de volonté.
Rapportées à ce fil conducteur, plusieurs difficultés trouvent leur élucidation : y a-t-il une vérité substantielle ? Comment peut-on se faire une idole de la vérité même ? Pourquoi faut-il que la justice de Dieu soit énorme comme sa miséricorde ? Que signifie le principe : « la nature marque partout un Dieu perdu » ? La conversion se définit-elle comme présence au présent ?
Caractéristiques
Nombre de pages: 492
Code ISBN: 978-2-13-083373-4
Format 15 x 21.7 cm
36 €
SOMMAIRE
1. Le Mémorial : de la certitude (novembre 1654)
I. Avant De la vraie religion
2. L’Entretien de Pascal et Sacy : une interprétation de Montaigne (début 1655)
3. Vérité et charité (1655)
4. « Il n’a nul rapport à nous » : miséricorde et justice (1655)
5. La maxime de la médisance (décembre 1656)
6. Subtilité et supposition métaphysiques (hiver 1655-1656)
7. Impossibilité, incapacité, disproportion (début 1657)
II. De la vraie religion
8. Le dessein de Pascal : une apologétique de la douceur (milieu 1657)
9. La vraie religion (milieu 1657)
a) Saint Augustin, De vera religio : nulla natura interposita
b) Pascal, La vraie religion
Appendice : « Le chosisme : Etienne Gilson lecteur de Pascal »
III. Après De la vraie religion
10. Admirer l’original : la Cène de Port-Royal de Paris (1658 ou 1659)
11. L’ennui (1658 ou 1659)
12. La présence (1658-1659)
13. L’unité (1658-1659)
Appendice, « De la destruction. Métaphysique et idée du sacrifice selon Condren »
14. De l’amitié : Chanut, Descartes et Pascal
15. La Prière pour le bon usage des maladies
Autour de l’auteur
Professeur d’histoire de la philosophie moderne en Sorbonne et directeur du Centre d’études cartésiennes, Vincent Carraud a reçu en 2010 le Grand Prix de philosophie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Il co-dirige aux Puf la revue Les Études philosophiques et la collection « Épiméthée ».