Encore trop méconnu, le Petit Concile fut pourtant le plus important pôle intellectuel du catholicisme français sous le règne de Louis XIV. Les plus grands noms de la vie érudite, ecclésiastique et littéraire y figurèrent : outre Bossuet et Fénelon, La Bruyère, Fléchier, Fleury, Huet, Cordemoy, et tant d’autres. Si le groupe était profondément convaincu que seul l’Absolu « est » véritablement, il ne croyait pas moins que le Salut des peuples comme des personnes se joue dans l’Histoire et que la société en est le lieu. À la différence de Port-Royal, il a rejeté toute tentation de « retraite ».

Dès lors toutes les questions qui se posaient aux chrétiens de son temps, y compris politiques ou économiques, l’ont intéressé, et l’on reste étonné devant l’incroyable variété des sujets qu’il aborde. L’interrogation sur le monde y passe par une interrogation sur la littérature. L’originalité du projet du petit Concile se mesure à l’originalité de son regard, et cette originalité fonde une écriture neuve du monde. Entre héritage chrétien ou humaniste et préfiguration des Lumières, entre ancrage dans le passé et voies ouvertes à l’avenir, le Petit Concile a joué un rôle décisif à la charnière de l’Europe des « Dévots » et de l’Europe des « Philosophes ».

Ancien Président de l’Université Marc Bloch, François-Xavier Cuche est Professeur émérite de Littérature française du dix-septième siècle à l’Université de Strasbourg. Il est notamment l’auteur d’Une pensée sociale catholique. La Bruyère, Fleury, Fénelon, Paris, Le Cerf, 1991, et de Télémaque entre père et mer, Paris, Champion, 1994.

 

Compte rendu de l’Absolu et le monde, de F.-X. Cuche, par Gérard Ferreyrolles